Tôle froissée et un bon samaritain ( Nicolas)

Après une nuit blanche épouvantable passée à l'aéroport à cause de cette foutue tempête de neige, j'étais légèrement sur les nerfs quand on m'avait annoncé par radio que le temps c'était calmé. Cette nouvelle avait fait la joie des personnes présentes à l'aéroport et en attendant qu'on dégage un peu les routes, l'excitation de la libération se faisait ressentir de toute part. Ce n'est que vers quatorze heures que je donnais l'autoristation de quitter l'aéroport. Des agents de police accompagnaient les personnes qui n'avait pas de véhicule et qui se rendaient à l'hotel de l'île. Jordan avait été l'une des premières à partir, à mon grand regret. J'aurais aimé que ma meilleure amie reste un peu avec moi mais elle devait s'en aller et moi, je devais rester pour que tout se passe dans le calme.
Finalement, ce n'est que tard dans la journée que je pus à mon tour quitter l'aéroport. La nuit tombait et les routes étaient devenues glissantes à cause de la neige et du verglas qui s'était formé. Il fallait aussi ajouté à ces facteurs, mon manque de sommeil flagrant. Après tout, cela faisait plus de trente six heures que je n'avais pas dormis et cela se voyait. Si j'avais été un tant soit peu lucide, jamais je n'aurais pris ma voiture dans ses conditions. Non que je ne savais pas conduire avec la neige et le verglas, ça, je savais depuis longtemps mais avec ma fatigue, mon attention était bien en dessous de la normale et c'était dangereux.
J'arrivais près de l'hôtel tenu par Lauren et je rêvais de me prélasser dans un bon bain bien chaud et de dormir pendant des heures, même si je ne savais pas encore dans quel ordre j'allais le faire. Sortant de mes pensées, exaltée par l'idée de me retrouver au chaud, je perdis le peu d'attention que j'avais et ma voiture dérapait sur une plaque de verglas. Lâchant tout pour éviter le pire, ma voiture finissait sa course dans le fossé. Je n'avais pas l'air blessée, du moins, je ne le ressentais pas mais ma voiture avait l'air dans un sale état. Même si je ne roulais pas vite, ma voiture filait quand même au dessus des limites de la prudence et maintenant, j'en payais les frais.
Tremblante, je quittais l'habitacle de ma voiture. Je chancelais à cause du choc de l'accident mais aussi à cause de mes jambes qui n'arrivaient plus à supporter mon poids. Je me laissais tomber à deux ou trois mètres de ma voiture et des larmes firent leur apparition. J'étais épuisée mais aussi furieuse contre moi d'avoir été assez stupide de m'être crue capable de conduire. Mes larmes redoublaient et à cet instant, je regrettais amèrement d'avoir accepté de revenir ici. J'étais tellement dans ma bulle que je n'entendis même pas le crissement que faisait la neige quand une personne s'approcha de moi.

Invité

Tôle froissée et un bon samaritain ( Nicolas) Neige-voiture_pics_390

Nico => "Fichue Tempête!"

Je me tenais aux abords de l'Hôtel Destiny lorsque je déclarais cela dans le vide, cette tempête de neige qui paralysait l'île entière et qui me retenait ici depuis quelques jours maintenant, m'empêchait de rentrer sur le continent et devoir mes amis qui eux devaient se trouver dans un bar en train de s'amuser tous ensembles. Fichue tempête, il fallait que nos parents nous offrent à moi et à Chanelle un aller-retour sur une île paradisiaque pour fêter la fin de nos examens pour que cette même île connaissent son premier phénomène neigeux. Je commençais sérieusement à me demander si je ne portais pas la poisse avant d'en déduire que ce n'était pas moi mais certainement Chanelle, après tout à chaque fois qu'elle se trouvait quelque part avec moi une catastrophe se produisait. Et puis d'abord où pouvait-elle être à cette heure et avec cette neige? J'ai essayé désespérément de l’appeler sur son téléphone mais toutes les lignes sont saturées et le seul moyen de communication restant se trouvait être le pigeon voyageur, pas des plus efficaces comme système. Enfin bref, je faisais les 100pas dehors à proximité de la piscine pour tenter de trouver une réponse lorsque j'entendis un bruit de glissade puis de la tôle froissée derrière la haie qui donnait vers l’extérieur du complexe hôtelier.

Assez rapidement, je contourna le mur de végétation et vu un peu plus loin une voiture qui terminait sa course dans le fossé peu profond heureusement, la voiture s'immobilisa et je me dirigea donc dans sa direction pour voir se qui se passait. Arrivé à quelques mètres de la voiture, la portière s'ouvrit et une jeune femme sortit avant de chanceler et de tomber à genoux das la neige; certainement encore sous le choc de l'accident, elle resta appuyée contre sa voiture pendant que j'arrivais.

Nico => "Vous allez bien? Vous n'avez rien de casser? C'est une sacrée glissade que vous nous avez faite là, je suis Nicolas, restez là j'appelle les secours on ne sait jamais."

Je la laissais reprendre petit à petit ses esprits et ne la touchait pas de peur de faire une fausse manipulation qui pourrait entraîner des symptômes graves par la suite. Pour le moment, j'essayais de contacter quelqu'un avec mon téléphone mais les lignes étant toujours en dérangement ou alors sonnant dans la vide le plus complet, je dus me résigner très vite. Je reportais mon attention sur la jeune femme et lui dis alors calmement :

Nico => "Je n'arrive pas à contacter les secours, il va falloir que je vous emmène à l'Hôtel juste derrière, vous vous sentez de marcher ou il faut que j'aille chercher de l'aide pour vous transportez jusque là bas?"

Ne voulant surtout pas la brusquer après le choc et la montée d'adrénaline, je parlais le plus doucement et calmement possible pour qu'elle comprenne chaque mot que j'employais. Après tout, de prime abord, la jeune femme n'avait rien mais il se pouvait très bien qu'intérieurement, elle ait des fractures ou pires des hémorragies.

- Ne vous inquiétez pas, je vais bien et je n'ai rien de casser

Pour les secours, c'est normal que vous ne puissiez les joindre, ils sont surement tous occupés ailleurs et puis, ce n'est pas la peine qu'ils se déplacent pour moi, je vous l'ai dit, je vais très bien.

- Vous voyez, je suis capable de marcher donc je pense être capable d'arriver à l'hôtel en un seul morceau

Au fait, moi c'est London et avant de partir, il faut que je récupère quelques petites choses dans ma voiture.

Invité

Le choc fut probablement plus impressionnant que dramatique et la voiture ne souffrait que de tôle froissée à priori, mais du côté de la conductrice, je ne voulais prendre aucun risque car en plus du choc émotionnel, il se peut très bien qu'elle soit blessée intérieurement et que je fasse un bêtise en voulant lui venir en aide. C'est ainsi que je préférais pour le moment ne pas la toucher et la laissait ainsi reprendre peu à peu ses esprits pour qu'ensuite elle décide elle-même si je l'aidais à se relever ou au contraire si je la laisser ainsi pour aller chercher du secours. Pour le moment, la jeune femme ne répondait pas, encore sous le coup de sa sortie de route, mais au bout de plusieurs minutes, elle me répondit enfin qu'elle se sentait bien et qu'elle n'avait à priori rien de cassé, et aucune douleur. Premier signe encourageant puisque cela confirmait le fait que les dégâts soit plus matériels que physiques, d'ailleurs la jeune femme se leva et fit des allers retours devant moi pour me prouver qu'elle pouvait marcher et donc qu'il ne servait à rien de prévenir les secours, trop occupés en plus par la tempête qui se faisait de plus en plus forte. Elle revint ensuite vers la voiture et se présenta à son tour pour m'apprendre qu'elle se prénommait London, prénom atypique mais qui sonnait agréablement, et qu'elle devait récupérer des affaires à elle dans la carcasse.

Visiblement je n'étais pas tombé sur une simple jeune fille puisque à peine la peine dans l'habitacle que celle-ci envoya un message radio pour qu'on vienne s'occuper de sa voiture au plus vite. Attisant ma curiosité, je me décidais enfin à lui demander à qui je venais de porter secours?

Nico => "Une radio dans votre propre voiture? Suis-je tomber sur quelqu'un d'aussi important pour cette ville qu'elle se doit d'être joignable 24/24h? Ou bien sur une fugitive qui surveille les fréquences de la Police pour échapper aux guets-apens? "

Moi et mon imagination débordante, depuis tout petit déjà, j'élaborais des plans et inventait des vies toutes plus folles les unes que les autres aux personnes que je croisais dans la rue : de l'agent secret sous couverture à la femme d'affaire indépendante, libre et assumée, du cosmonaute au mafiosi contrôlant tous les trafics du quartier! Si vous êtes un jour passait devant moi, vous pouvez être sûr que votre vie s'en est vue totalement bouleversée l'espace de quelques minutes laissant mon imagination reprendre le dessus sur un esprit qui se voulait pourtant cartésien et journalistique. Mais après tout, j'ai toujours hésité entre le journalisme et l'écriture, j'ai d'ailleurs dans une malle de ma chambre quelques histoires que j'ai inventé mais dont personne ne soupçonne l'existence.

Revenant à la raison, je regardais donc marcher la jeune femme avant de lui dire :

Nico => "Vous avez de la chance, dans votre malheur, puisque juste dérrière se trouve le Destiny Hôtel, le plus grand hôtel de l'île et je pense qu'ils se feront un plaisir d’accueillir London, la naufragée de la tempête! "

Voyez encore une fois, j'exagérais sur le côté dramatique

A New York, lorsqu’il neigeait, je ne prenais jamais ma voiture, je préférais encore me retrouver coincée dans le métro à faire la tranche de jambon entre deux pervers. Bien sur, il m’arrivait de prendre la voiture quand je ne pouvais pas faire autrement mais en général, ce n’était jamais après une nuit blanche à gérer la crise à l’aéroport. Autant dire que mes réflexes se résumaient à zéro, surtout que j’approchais du Destiny. Pas étonnant alors que ma voiture ait fini dans un fossé. Heureusement, il y avait plus de peur que de mal, surtout que rapidement, un jeune homme était venu à mon secours. Je l’avais rassuré sur mon état avant de passer un appel radio pour prévenir que j’avais eu un accident et qu’il faudrait qu’un dépanneur s’occupe de ma voiture au plus vite. D’ailleurs, cet appel n’était pas passé inaperçu puisque le jeune homme commença à faire des suppositions. La première étant que j’étais quelqu’un d’important qui se devait d’être joignable à toute heure, la deuxième, celle qui me faisait le plus rire, était que j’étais une fugitive surveillant les fréquences de la police pour ne pas me faire chopper.

- Je dirais que c’est un peu des deux, lui répondis-je dans un éclat de rire. La réalité c’est que je suis agent fédéral qui aimerait simplement aller dormir pendant cent ans avant d’être réveillée par le doux baiser d’un prince charmant qui m’emmènerait loin, très loin dans son pays des rêves, peuplé de fées et de licornes. Je regardais le jeune homme d’une manière rêveuse avant de soupirer bruyamment. Je te rassure, je suis sortie de ma période Bisounours il y a bien longtemps.

Une pointe de tristesse s’insinuait en moi à l’évocation de la perte de ma naïveté. Bon d’accord, à seize ans je ne croyais plus au Père Noël et aux contes de fées depuis longtemps mais je pensais encore que mon père serait toujours là pour moi, or, ce n’était pas le cas. Je chassais mes larmes d’un battement de cils avant de marcher le long de la route en compagnie du jeune homme qui me disait que j’avais de la chance dans mon malheur parce que j’étais près du Destiny et qu’ils se feront un plaisir de m’accueillir.

- Ho il n’y a pas de doute là-dessus, ils m’accueillent déjà depuis quelques jours, le temps pour moi de me trouver un appartement pas trop cher, l’informais-je. J’espère seulement que je pourrais quand même dormir dans mon bungalow et sans autre naufragé de la tempête parce que je ne le supporterais plus et que je risquerais de faire une bêtise.

Bien sur, concernant la bêtise, je n’étais pas sérieuse, même si je sous entendais que j’étais prête à renoncer à la vie. Je connaissais trop de personne capable de me faire payer cher un tel geste. La vérité, c’était que j’avais besoin de calme, que je voulais prendre un bain bien chaud et dormir sans éclat de voix résonnant à mes oreilles.

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